1944 : Claude Deru
Normalien, Routier E.D.F. puis maquisard dans la région de Saint-Étienne...
Né dans une famille d’artisans menuisiers ébénistes de pères en fils à Boën sur Lignon, petite bourgade de la plaine du Forez, profondément catholique, Claude sera, fort logiquement, enfant de chœur et inscrit aux Scouts de France. Très bon élève en Primaire puis au Cours Complémentaire, il réussit à 16 ans, en 1941, le concours d’entrée à l’École Normale. Mais c’est la guerre et l’occupation et les écoles normales sont fermées sur ordre du gouvernement de Vichy ; les Normaliens de la promotion 41 intègrent directement le Lycée Claude Fauriel à Saint Etienne. Pour se différencier des lycéens de « Fauriel », les Normaliens créent une association, « Les élèves maîtres ». C’est durant ces années que Claude adhère au Mouvement des Éclaireurs de France à Saint Étienne. Le clan s’appelle « Les horizons boisés ». Son totem est Auroch audacieux (cela voulait tout dire !). La totémisation est à l’image de l’animal évoqué car, pour prouver son audace, Claude doit passer une longue nuit solitaire, bloqué sur une corniche rocheuse à plusieurs dizaines de mètres au-dessus d’un torrent...
Dès 1943, un professeur de Français du lycée Claude Fauriel parle à Claude, à mots couverts, de la Résistance et lui propose d’en faire partie. Des réunions clandestines auxquelles Claude participe se tiennent dans le « cuvage de la Garde » de la famille Chavalard à la sortie de Boën. Son épouse Josette a d’ailleurs créé une mosaïque sur la façade de cette petite bâtisse afin de conserver la mémoire de ce lieu qui a abrité des réfractaires c’est-à-dire des jeunes refusant le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) et des Juifs « en cavale » :
Il passe son bac, au printemps 44, à 19 ans, et le soir même, rejoint le réseau Ange Buckmaster (*) dépendant du S.O.E. (Service secret) britannique, où il retrouve des amis d’enfance au maquis de Pivadan. Il participe, entre autres, le 7 août, au combat très connu de Lérigneux. Pourquoi un tel réseau ? Tout simplement parce qu’il est complètement apolitique au contraire d’autres Mouvements de Résistance comme, par exemple, les F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans). Claude était notamment chargé du maniement du fusil mitrailleur :
Durant cette période, la célébration du 14 juillet est formellement interdite, il est donc extrêmement dangereux d’enfreindre cette loi. Le groupe des Boënnais du maquis décide de « descendre » de Pivadan et de braver l’autorité pour le 14 juillet 1944. Michel Chavalard, horticulteur de profession, confectionne une gerbe en forme de grande croix de Lorraine et la bande la dépose durant la nuit du 13 au 14 en haut du Monument aux Morts sur la place centrale de Boën ; les maquisards la gardent, armes à la main, tout le reste de la nuit afin que personne ne s’avise de l’enlever. Les gendarmes et les autorités n’ont rien vu (ou ont préféré ne rien voir ?) Et, ce matin là, les habitants de Boën, stupéfaits, découvrent leur monument orné d’une Croix de Lorraine. Personne n’a osé y toucher. La gerbe est rapidement détruite par la Milice.
Autre exploit, ils font dérailler un train à Feurs pensant que c’était un convoi de déportés, mais les Allemands ont changé leur plan au dernier moment et, en fait, les wagons sont remplis de chaussures, de vestes et de grosses meules de fromage. Le tout est distribué à la population qui en a grandement besoin.
Le groupe Ange a déploré 26 morts durant ces différents combats.
A la libération Claude dépose les armes. La hiérarchie militaire régulière lui propose d’intégrer l’armée avec un grade de lieutenant mais il refuse car, pour lui, il s’est battu pour défendre un idéal de liberté qui a été atteint. Il reprend donc ses études à l’École Normale de Lyon…
…pour d’autres aventures que nous raconterons un peu plus loin, avec le clan E.D.F. de Boen sur Lignon, la participation à l’Équipe Nationale Route, la naissance et le développement des Circuits Corse, dans les rubriques « L’après-guerre », « La formation » et « Le nouveau Mouvement ».
(*) N.D.L.R. : le réseau Buckmaster est celui auquel appartenait également Lucien Fayman, dans la région de Toulouse
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